mercredi 13 février 2013

PSA, Goodyear, l’avocat "rouge" Fiodor Rilov est sur tous les fronts



Des entreprises rappelées à l’ordre par les tribunaux, des procédures interminables et des négociations qui aboutissent à des impasses, derrière de nombreuses stratégies jusqu’au-boutiste de certains syndicats de salariés de l’industrie, on retrouve un même personnage l’avocat Fiodor Rilov, conseiller des syndicats CGT de Faurecia et de Goodyear.
Mardi 29 janvier : le plan de restructuration de PSA est suspendu par la cours d’appel de Paris dans l’attente de l’ouverture d’une procédure d’info-consultation chez sa filiale Faurecia. Jeudi 31 janvier : Goodyear pourrait annoncer en  CCE, la fermeture pure et simple de l’usine d’Amiens Nord après cinq ans de palabre. Un repreneur, Titan, s’étant retiré faute d’accord conclu avec les syndicats locaux. Derrière toutes ces affaires : l’activisme de syndicats CGT tous conseillés par un habile et tenace avocat, Fiodor Rilov.  Mais qui est vraiment cet avocat de 42 ans et quelles sont ces motivations ? 
L’homme est doté d’une qualité indéniable : de la constance dans ses engagements. Depuis plus de dix ans, Fiodor Rilov est toujours en première ligne aux côtés des salariés : avant les fermetures, pour faire échec aux tentatives de restructuration par une guérilla juridique toujours très imaginative. Mais aussi après les fermetures, pour obtenir réparations. Les 26, 27 et 28 février prochain, il sera de nouveau dans le prétoire aux côtés des 680 ex-salariés de Continental qui conteste le motif économique de leur licenciement  devant les prud’hommes de Compiègne.
Mais dans son combat, il ne se contente pas du rôle classique de l’avocat qui conseille son client et joue les porte-parole auprès des médias. Dans l’affaire Goodyear, on le voit régulièrement  haranguer directement les salariés aux côté de son camarade de lutte le leader cégétiste de l’usine Goodyear Amiens nord, Mickaël Wamen. C’est que Fiodor Rilov, communiste convaincu, a atteint les limites de la lutte juridique, il a désormais un agenda politique. En mai dernier, il devait se présenter dans la première circonscription de la Somme.
Mais coup de théâtre : à la veille des élections, il se retire car sa demande de naturalisation n’a pas aboutie à temps. De mère Allemande et de père anglais (d’origine Russe),  Fiodor Rilov est arrivé en France à l’âge de 6 ans, mais n’a pas la nationalité française. Interrogé par le Courrier Picard sur cette péripétie il a une explication au blocage de sa demande : "mon profil politique, qui consiste à défendre les salariés face aux multinationales fait peur. Ma parole serait gênante à l’Assemblée nationale". Du coup c’est Mickaël Wamen qui se présentera à sa place lors des dernières législatives tandis qu’il occupera la fonction de son directeur de campagne.
Cette dimension internationale qui lui a barré l’entrée de la représentation nationale n’est pas seulement un aspect de sa personnalité. Une grande partie du combat juridique de Fiodor Rilov consiste à faire remonter les responsabilités des licenciements au niveau des sièges sociaux où qu’ils soient dans le monde. En démontrant la bonne santé financière de groupes, qui n’hésite pas à sacrifier certains de leurs sites sur l’autel de la rentabilité. A son tableau de chasse : Samsonite, le papetier Stora Enso, l’entreprise agro-alimentaire Unichips… En cette période où une fronde s’élève contre les "licenciements boursiers", l’homme a incontestablement  le vent dans le dos.

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