jeudi 14 février 2013

Prud’hommes

Le nouveau  report, de la section industrie, aura lieu le  15-02-2013.

mercredi 13 février 2013

Les conséquences de la colère sociale: Goodyear, Petroplus, Arcelor-Mittal, PSA, Renault

émission France Inter (invité maître Rilov) : lien

PSA, Goodyear, l’avocat "rouge" Fiodor Rilov est sur tous les fronts



Des entreprises rappelées à l’ordre par les tribunaux, des procédures interminables et des négociations qui aboutissent à des impasses, derrière de nombreuses stratégies jusqu’au-boutiste de certains syndicats de salariés de l’industrie, on retrouve un même personnage l’avocat Fiodor Rilov, conseiller des syndicats CGT de Faurecia et de Goodyear.
Mardi 29 janvier : le plan de restructuration de PSA est suspendu par la cours d’appel de Paris dans l’attente de l’ouverture d’une procédure d’info-consultation chez sa filiale Faurecia. Jeudi 31 janvier : Goodyear pourrait annoncer en  CCE, la fermeture pure et simple de l’usine d’Amiens Nord après cinq ans de palabre. Un repreneur, Titan, s’étant retiré faute d’accord conclu avec les syndicats locaux. Derrière toutes ces affaires : l’activisme de syndicats CGT tous conseillés par un habile et tenace avocat, Fiodor Rilov.  Mais qui est vraiment cet avocat de 42 ans et quelles sont ces motivations ? 
L’homme est doté d’une qualité indéniable : de la constance dans ses engagements. Depuis plus de dix ans, Fiodor Rilov est toujours en première ligne aux côtés des salariés : avant les fermetures, pour faire échec aux tentatives de restructuration par une guérilla juridique toujours très imaginative. Mais aussi après les fermetures, pour obtenir réparations. Les 26, 27 et 28 février prochain, il sera de nouveau dans le prétoire aux côtés des 680 ex-salariés de Continental qui conteste le motif économique de leur licenciement  devant les prud’hommes de Compiègne.
Mais dans son combat, il ne se contente pas du rôle classique de l’avocat qui conseille son client et joue les porte-parole auprès des médias. Dans l’affaire Goodyear, on le voit régulièrement  haranguer directement les salariés aux côté de son camarade de lutte le leader cégétiste de l’usine Goodyear Amiens nord, Mickaël Wamen. C’est que Fiodor Rilov, communiste convaincu, a atteint les limites de la lutte juridique, il a désormais un agenda politique. En mai dernier, il devait se présenter dans la première circonscription de la Somme.
Mais coup de théâtre : à la veille des élections, il se retire car sa demande de naturalisation n’a pas aboutie à temps. De mère Allemande et de père anglais (d’origine Russe),  Fiodor Rilov est arrivé en France à l’âge de 6 ans, mais n’a pas la nationalité française. Interrogé par le Courrier Picard sur cette péripétie il a une explication au blocage de sa demande : "mon profil politique, qui consiste à défendre les salariés face aux multinationales fait peur. Ma parole serait gênante à l’Assemblée nationale". Du coup c’est Mickaël Wamen qui se présentera à sa place lors des dernières législatives tandis qu’il occupera la fonction de son directeur de campagne.
Cette dimension internationale qui lui a barré l’entrée de la représentation nationale n’est pas seulement un aspect de sa personnalité. Une grande partie du combat juridique de Fiodor Rilov consiste à faire remonter les responsabilités des licenciements au niveau des sièges sociaux où qu’ils soient dans le monde. En démontrant la bonne santé financière de groupes, qui n’hésite pas à sacrifier certains de leurs sites sur l’autel de la rentabilité. A son tableau de chasse : Samsonite, le papetier Stora Enso, l’entreprise agro-alimentaire Unichips… En cette période où une fronde s’élève contre les "licenciements boursiers", l’homme a incontestablement  le vent dans le dos.

Fiodor Rilov, star du barreau au service des ouvriers



C'est l'homme à abattre. Accumulant les victoires contre "des multinationales qui font des profits gigantesques et qui, pourtant, licencient", Fiodor Rilov, 42 ans, est la bête noire des patrons. L'avocat de la CGT de l'usine Goodyear Amiens-Nord et de la CGT de l'équipementier automobile Faurecia, c'est lui. Chez Goodyear, après la suspension de plusieurs plans sociaux, il s'apprête à livrer une nouvelle bataille juridique contre la fermeture annoncée du site. Rendez-vous le 11 février au tribunal de grande instance de Nanterre.

Médiatique, imposant par sa taille et beau garçon, enflammé et encarté au Parti communiste depuis l'âge de 17 ans, c'est un abonné des dossiers sensibles. Avant ou après leurs licenciements, il est ou a été le défenseur de 680 "Conti", des salariés des bagagistes Samsonite et de Delsey, de ceux de Sony, du papetier UPM à Strasbourg, de Coca-Cola, d'UPS, des 3 Suisses, etc. "J'ai eu peu d'échecs", juge-t-il.
"Il maîtrise son métier ; il a des succès, mais qui ne portent que sur la forme, sur la procédure, pas sur le fond, sur le motif économique", critique un intervenant. M. Rilov ne le conteste pas : "En l'état actuel du droit, en cas d'absence de motif économique, on ne peut gagner sur le fond qu'après le licenciement."
"RAGE"
Face à cette limite, ses combats juridiques sans fin ne sont-ils pas un moyen deretarder des échéances, "une fuite en avant", dit cet interlocuteur, comme dans le dossier Goodyear ? "La stratégie juridique n'est qu'un levier au service des salariés qui se battent, admet M. Rilov. S'ils ne se mobilisent pas, la voie juridique est vaine."
"Il nous dit toujours : 'Si je gagne, c'est grâce à votre mobilisation.' Ce discours, au début, je ne le comprenais pas. Je pensais que l'avocat allait s'occuper de tout",dit Marie Lecomte, porte-parole de l'association Licenci'elles, créée par des anciens des 3 Suisses et qui réunit désormais des salariés en colère issus de 25entreprises.
Mais d'où vient sa rage ? Qu'est-ce qui le fait courir ? Certains pensent que c'est"la gloire, l'argent". Lui répond que c'est son "engagement révolutionnaire" : "J'ai toujours voulu combattre les injustices." On en retrouve la première trace dans Le Monde du 5 octobre 1994. Trois militants de l'UNEF, dont son frère Kostia et lui, qui distribuaient des tracts à la faculté de droit d'Assas à Paris, se sont retrouvés au tribunal, après une échauffourée avec des étudiants d'extrême droite du GUD. Les premiers, accusés de "coups et blessures avec arme", seront relaxés par le tribunal. C'est sa première victoire.
ENGAGEMENT
L'engagement, c'est dans ses gênes, dans sa culture familiale qu'il définit comme"juive révolutionnaire". Sa mère, Hedwig, est "une militante de gauche". Son père, le peintre Nissan Rilov, né en 1919 dans ce qui deviendra l'URSS trois ans plus tard, était un "juif révolutionnaire", dit-il.
Fier de ses origines, donc. Celles-ci lui ont pourtant joué un tour. M. Rilov voulait se présenter aux législatives de juin 2012 dans la Somme. De nationalité britannique – né en Angleterre –, il avait déposé sa demande de naturalisation française dès 2009. Mais le dossier a traîné. Au ministère de l'intérieur, le cabinet de Claude Guéant lui avait assuré que tout serait bouclé à temps. Ce ne sera pas le cas.
C'est Mickaël Wamen, le leader de la CGT chez Goodyear, qui prendra sa place. Privé de candidature, M. Rilov a eu la "rage""Mon père était français, mes enfants sont français, et moi on me dit : tu n'es pas français..." Huit mois plus tard, même Claude Guéant parti, il ne l'est toujours pas.